Monsieur de Pourceaugnac
L’histoire.
Deux jeunes amants, Éraste et Julie, voient leur projet de mariage contrarié par la volonté d’un père, Oronte, qui a « vendu » sa fille à un homme de province, Monsieur de Pourceaugnac, avocat de Limoges un peu prétentieux et très soucieux de son appartenance sociale. Celui-ci arrive à Paris pour épouser Julie.
Mais les deux jeunes gens n’entendent pas se laisser faire et font appel à deux intrigants, Sbrigani et Nérine, pour renvoyer ce provincial et contraindre le père à les unir.
Pour atteindre leur but, ils vont utiliser la société et ses (dis) fonctionnements. Encouragés par Sbrigani et Nérine, Éraste et Julie vont passer avec allégresse - et pour leur plus grand plaisir ( ?) - de victimes à bourreaux. Oronte, le père avare, parviendra-t-il à sauver Monsieur de Pourceaugnac ? Ou suivra-t-il la rumeur qui accable celui-ci ?
Dans cette comédie, Molière n’épargne personne (médecins, avocats, commerçants, policiers) et dénonce la violence institutionnalisée de la société (peur de l’étranger et des jeunes, polygamie, rumeur).
Note de mise en scène.
Cette pièce raconte l’histoire d’un complot contre un homme. Un complot structuré, organisé en autant de stratagèmes que Molière a voulu de plus en plus grotesques afin de nous rappeler que notre société ne craint pas le ridicule quand elle est déterminée à éliminer quelqu’un.
Nous avons opté pour un Monsieur de Pourceaugnac sympathique, malgré sa prétention risible, car cette sympathie révèle la cruauté d’une société conçue pour contrôler l’individu et non l’épanouir.
Les corps sont contraints, les esprits manipulables, et si Molière nous amuse avec cela c’est pour nous épargner le drame sans nous rendre indifférent.
Le rythme est intense, les situations conduisent les personnages au bord d’une folie jubilatoire pour le spectateur. Molière donne carte blanche à ses personnages pour martyriser ce Monsieur de Pourceaugnac, car avec eux, ils ont l’appui de la société.
Les outils de la danse permettent aux acteurs de tracer des directions, de briser des lignes, mais aussi de les contenir dans des codes. Car si la société autorise le lynchage, elle le contrôle toujours en édictant ses règles.
Monsieur de Pourceaugnac évolue dans un univers quadrillé par les corps et les esprits.
Lui qui prétend s’élever socialement, acceptera-t-il de se ridiculiser pour sauver sa tête ?
Les jeunes amants pourront-ils suivre la folie des deux intrigants sans scrupule ?
Oronte, le père, est-il en mesure de maintenir son choix face à une société qui refuse ?
