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L'Avare

De Molière.
Conte-théâtre pour espace public.

 

L’histoire.


Harpagon, l’avare le plus célèbre est toujours aussi obsédé par l’argent. Il refuse toujours que son fils Cléante épouse Mariane et promet sa fille, Élise, à un vieil homme aussi riche que sage. Maître Jacques, le cuisinier et cochet, est toujours aussi démuni pour concocter des jolis et gentils plats. Et La Flèche, banni, doit continuer ses actions de manière encore plus discrète.
Et oui, Harpagon traverse les siècles et ne change pas.
Peut-être parce qu’il incarne cette société marquée et dirigée par l’argent dans laquelle nous nous enfonçons.
Peut-être parce que Cléante est le rebelle alter mondialiste d’aujourd’hui et Valère, l’amant
d’Élise, ce jeune cadre dynamique qui croit encore qu’il vaut mieux entrer dans le système pour le modifier.
Peut-être aussi parce que les femmes ont toujours peu de poids dans les prises de décisions collectives, et même individuelles.
Ou alors, est-ce à cause de Maître Jacques, ouvrier qualifié à qui l’on réduit petit à petit les financements et qui occupe deux postes de travail dans un ultime plan de sauvetage avant la délocalisation.
Et que dire de La Flèche, saltimbanque du quotidien, trop gênant car trop présent.

Molière propose ainsi, avec cette microsociété « Harpagon » un regard critique sur notre macro-société de pays riche… ou avare, on ne sait plus trop.


 


La mise en scène.

Jouer « l’Avare » aujourd’hui ne peut pas, à notre avis, ne pas tenir compte de la crise financière, des quelques individus qui spéculent et concentrent les richesses dans leurs mains. D’ailleurs, dans cette pièce, Molière n’ a-t-il pas proposé des conséquences qui résulteraient d’une telle situation : la révolte, la soumission, la flatterie, l’exclusion, la menace, l’exploitation et la séduction ? Chaque personnage serait alors un symbole d’attitudes sociales et  de comportements de classes.
C’est dans ce contexte que nous avons décidé de travailler cette pièce. Pour ne pas oublier non plus que Molière était un auteur engagé, qui n’écrivait pas pour simplement divertir, mais pour interroger, bousculer la société. Le texte, comme les corps qui le disent, va au-delà de l’anecdote. Harpagon n’est pas un cas isolé dans la société. « L’avare » n’est pas l’histoire d’une famille dans un temps révolu. « L’avare » est une interrogation sur ce qui nous met en mouvement. Ici, le compromis ne trouve aucune place, tout est hiérarchisé, réglementé et ordonné physiquement.
Ainsi, quand les corps sont liés les uns aux autres par des rapports sociaux, que se passe-t-il si aucun compromis n’est possible ?
C’est avec les outils du mime corporel dramatique, de l’acrobatie et de la danse (contemporaine et hip hop) que les acteurs tentent de répondre à cette question et racontent cette histoire et ses enjeux aujourd’hui.
Dans cette version, La flèche prend en charge, par moments, la narration de l’histoire comme un conteur afin que les scènes majeures, écrites par Molière, soient mises en relief par ce dispositif du conte. Et quand il raconte, toute action est suspendue mais tendue vers la suite, comme un engrenage qui ne s’arrête jamais.
Le temps et le lieu de l’action sont précisés par des costumes et des accessoires issus des codes sociaux-économiques de notre époque. Et le texte de Molière prend une dimension contemporaine dans les corps actuels, leurs mouvements, leurs attitudes et les relations entre eux. De même les rapports père-enfants, valet-maître, homme-femme, tiennent compte de l’évolution historique de notre société.
Le lien avec le théâtre, lieu de représentation des passions et enjeux humains, est créé par les masques de Thierry Graviou et le jeu qu’ils impliquent.
En effet, pour la compagnie, son outil d’expression privilégié est le théâtre en tant que forme accueillant tous les arts nécessaires au récit d’histoires, de pensées et de regards.
Et comme la compagnie ne veut pas rester prisonnière des théâtres – lieux et pouvoir présenter ce spectacle aussi bien dans des établissements scolaires, des maisons de retraite, des centres sociaux, des entreprises, des usines ou mêmes des pavillons, tout en gardant la magie du théâtre, elle a choisi de créer la lumière à partir de mini-rampes et d’installations légères, facilement transportables et peu consommatrices d’énergie.
Il est bon qu’une histoire circule, se confronte aux regards et aux quotidiens.



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